Choisir n’est pas optimiser

Optimiser permet de rester en mouvement. Choisir engage et ferme des possibles.

L’optimisation est devenue la réponse standard à tout ce qui ressemble à un problème. On compare, on ajuste, on améliore à la marge. On cherche le meilleur compromis, la configuration idéale, l’équilibre optimal.

On optimise pour ne pas choisir. Parce que choisir engage. Optimiser laisse les portes ouvertes.

Rester en mouvement sans décider

Optimiser est une activité valorisée. Elle mobilise de l’analyse, de la méthode, de la rigueur. On mesure, on compare, on évalue, on teste, on ajuste. Cette démarche donne l’impression de maîtriser la situation, de progresser, d’agir de manière rationnelle.

Elle est visible, documentable, justifiable. Elle s’intègre parfaitement dans des environnements où rendre compte compte parfois plus que décider.

Mais l’optimisation ne ferme jamais une option. Elle améliore l’existant sans trancher. Elle permet de reporter la décision sous prétexte qu’il reste une marge d’amélioration. L’optimisation n’a pas de terme naturel. On peut toujours optimiser davantage.

Fermer des possibles

Le choix fonctionne autrement. Choisir, c’est fermer des possibles. Dire oui à une option et non aux autres, avec une irréversibilité suffisante pour que le retour en arrière ait un coût réel.

Un choix engage dans la durée. Il ouvre certains chemins et en ferme d’autres. Il rend certaines choses possibles et en rend d’autres impossibles.

Optimiser maintient les options ouvertes. Choisir les referme. C’est précisément ce qui rend le choix difficile.

Le choix accepte l’incomplétude. Il assume l’incertitude. Il ne repose pas sur l’exhaustivité.

Différer l’engagement

On optimise souvent quand on refuse d’assumer une décision. Quand on cherche une configuration qui permettrait de ne rien sacrifier.

Cette stratégie a des coûts invisibles. D’abord la fatigue. Maintenir des options ouvertes demande de l’attention. Ensuite la dispersion. Sans choix, il n’y a pas de direction stable. Enfin l’indécision chronique. Plus on optimise, plus choisir devient difficile.

L’accumulation d’informations ne clarifie pas. Elle complexifie.

Créer un cadre tenable

Le choix est rare. Il ne se répète pas en continu. Il intervient lorsque maintenir les options ouvertes coûte plus cher que trancher.

Un choix ne cherche pas à être optimal. Il cherche à être tenable.

Suspension

On n’optimise pas quand on a besoin de choisir.
On optimise quand on refuse de choisir.
Confondre les deux, c’est prendre le mouvement pour l’avancement et le processus pour la décision.